• L'ère de la médiocrité

                     « Si c'est la raison qui fait l'homme, le sentiment le conduit. »

                                                                                          J.J.Rousseau

           Thèse fondamentale de Rousseau : l'homme par essence est bon, progressivement les institutions sociales le détournent de son cours naturel et sont à l'origine d'un processus de dégénérescence. 

           Voilà pourquoi le système éducatif dans notre pays fait état d'une grande défectuosité. Ce délit de la pensée sur l'éducation qui s'exprime dans l'institution nationale a provoqué un grave abysse des fantasmes des décideurs. En effet, l'instabilité des programmes le démontre clairement, une fois ce sont des programmes qui proviennent du cadre européen, une autre fois ils arrivent du Canada et aller savoir où l'on va s'arrimer pour sortir de ce labyrinthe didactique!

           Il n'y a rien de plus déconcertant que d'avancer dans le brouillard en matière d'éducation, car il y va de l'avenir de plusieurs générations puisque les curricula sont établis sur de longues années qui varient de 5 à 9 ans, a-t-on vraiment le droit de sacrifier ces jeunes sur simple décision politique?

         En parlant de l'approche par compétences - concept pédagogique très controversé - il est tout à fait clair que ses moyens inaliénables n'envahissent pas les établissements, ceci génère un handicap pour mener à bien la mission d'un enseignant. Au demeurant, les déclarations de nos responsables dénotent une certaine régression quant à l'application de ce nouveau concept ( qui est en lui même très ancien ). Nous remarquons donc qu'il y a un conflit au sein de la personne elle-même lorsqu'il s'agit d'instaurer une didactique et une pédagogie fiable mais qui pérennise, condition sine qua non pour un contrat performance ou de réussite. Pour assurer un apprentissage efficace, il serait intelligent d'établir des programmes adaptés et inspirés de l'environnement immédiat de l'apprenant, moment fort et crucial pour apprendre en harmonie et selon son propre rythme.

        Le progrès en matière d'éducation est constamment en remous, les récentes recherches pédagogiques visent surtout à promouvoir un savoir agir dans la vie courante, or y a-t-il vraiment une prise en charge totale de cette idée dans notre système éducatif?

         A posteriori, on comprend très bien le malaise qu'éprouvent les enseignants, les directeurs d'établissement et les formateurs.

         Autre facteur qui engendre la dépravation chez les actants de l'enseignement, la manière de gérer la réussite des apprenants.Tout est fondé sur des statistiques qui ne reflètent pas du tout la réalité. Les chiffres et les pourcentages avancés ne sont qu'un leurre pour détourner l'attention du vrai problème. Il faudra beaucoup de courage pour aller au fin fond de l'exploration des maux de l'éducation pour avouer que ce secteur est atteint de paralysie et par voie de conséquence de déficience.

         Comment peut-on y remédier? Il faudra en premier lieu être honnête envers soi et envers ses partenaires, dire la vérité telle qu'elle est et ne rien cacher pour qu'il y ait adhésion de tous les actants, en second lieu les programmes doivent être conçus de façon pondérée et avoir comme référentiel une didactique et une pédagogie différenciée  puisque les régions dans notre pays diffèrent et en dernier lieu travailler de concert avec les enseignants, les inspecteurs (formateurs) puis les parents d'élèves qui ne se soucient pas trop de la qualité de l'enseignement dispensé, ils ne s'intéressent qu'au coté matériel de l'école ou des grèves des enseignants.

         Quant à la formation du personnel enseignant et administratif il reste beaucoup à faire, car l'on table toujours sur la formation traditionnelle au lieu de s'affranchir et aller de l'avant vers un nouveau mode de formation qui est celui de la formation intégratrice. Le travail se fait selon les besoins et son sur des calculs politiques ou intérêts personnels.

          S'il reste encore des citoyens intègres nommés responsables qui n'ont pour but que de servir le pays et la génération montante qui fera la fierté de notre pays, je les invite à réfléchir longuement sur les décisions à prendre à l'avenir, on ne doit plus sacrifier de la sorte nos enfants et épouser la cause des fatalistes. Le potentiel intellectuel existe, il ne reste qu'à libérer pour qu'il produise de petites merveilles à tous les niveaux. Nous avons un métier noble, ne le soudoyons pas par des manœuvres perverses qui nuiraient à notre dignité d'algériens qui sont par essence bons.

                                                            Titraoui Noureddine

                                  Inspecteur formateur de français du 3ème palier. 

    « Apprendre une langue par cœur?Les non - dits de la crise »

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