Je vous propose trois situations que j'ai vécues et à vous de porter un jugement.  

       Un garçon est allé voir l'Imam de la mosquée Oussama, Oasis Nord, pour lui avouer qu'il craignait que le prof d'éducation physique, lors du bac sport, connaissant son père, lui donne une note qu'il ne mérite pas, et qu'elle va influencer le résultat final du bac.

        Un surveillant du bac a "offert" le corrigé du sujet aux candidats. Et comme il n'y a pas que des fraudeurs dans la vie, hamdoullah, une fille a refusé "le cadeau" de cet enseignant et lui a rappelé le hadith du prophète ( que la paix et le salut soit sur lui) " من غشنا فليس منا" celui qui nous trompe n'est pas des nôtres.

     Un père incite sa fille à tricher au bac. Pour l'encourager, il lui fait des scanners qui sont , d'après lui une aide pour elle. Quand sa fille lui a dit que c'est hram, péché. Il a répondu que tout le monde le fait.

               Il y a quelques années j'ai vécu une expérience personnelle. Un ami, le père de plusieurs filles, est venu me voir chez moi et il a insisté pour que j'apprenne le français à ses enfants. Donc, j'ai accepté. J'avais deux mois, juillet, août, pendant les vacances. En fait c'était beaucoup plus un stage. J'ai commencé avec sept élèves, toutes des filles dont le niveau était hétérogène. Deux d'entre elles étaient des universitaires, deux autres au collège, trois au lycée. Au début, je tâtonnais, je ne savais quoi faire j'ai même voulu abandonner. Puis, je me suis inspiré de la méthode anglaise Lingaphone de " The Lingaphone Institute" que j'avais auparavant utilisée pour apprendre l'anglais.

Qu'est ce que j'ai fait?

     La dite méthode est composée de trois livres alors j'ai pris celui où il y a les situations de communications. Par exemple, au début le prof et les élèves se présentent. J'ai  utilisé certaines de ces situations, pas toutes bien sur. A partir desquelles j'ai "fabriqué" des scènettes que les élèves jouaient avec beaucoup de plaisir.

        Je donne le titre aux élèves et je les aide à construire le dialogue que moi même j'ai déjà construit. C'est moi qui suis les élèves et pas l'inverse. Pendant cette séance les élèves parlent et écrivent ( voir le CR ou/ compréhension de l'écrit).  J'ajoute un exercice de syntaxe et un autre de lexique, en sollicitant toujours les élèves. Ce travail doit être fait par les élèves, le prof ne doit intervenir que si c'est vraiment nécessaire. A la fin je leur explique ce que nous allons faire la prochaine fois et je leur demande d'y réfléchir. Au début je me suis mis d'accord avec les élèves sur la durée d'une séance ( deux heures) et sur la procédure. Ces filles ont appris pas mal de choses parce qu'elles le voulaient. Hamdoullah ça a marché grâce à Allah.

             Beaucoup d'échecs sont le résultat de la démotivation de l’élève. En effet, de nombreux collègues sous estiment ou ignorent totalement ce que nous appelions quand on était encore en formation " l'éveil de l’intérêt". Bien sur, cela ne concerne pas seulement le prof de langue étrangère mais ceux de toutes les disciplines enseignées. Il faut motiver et remotiver les élèves mais comment me diriez vous. Les solutions existent . Saidi Bendjedou,inspecteur de français, allah yarhmou m'a dit un jour " l'enseignant a le choix entre aimer les enfants ou aller vendre des cacahouètes " voilà une première idée à exploiter. Les élèves aiment le prof avant d'aimer la matière plus d'un vous le dira. Si vous aimez sincèrement vos élèves, ils vous rendront cet amour. Je ne parlerai jamais assez de cette idée. Je sais que ce n'est pas toujours facile mais personne ne nous demande  d’être des saints, seulement des éducateurs,  communiquez avec eux, circulez dans les rangs, plaisantez, distribuez des encouragements.Il faut aussi les respecter, c'est une condition incontournable pour qu'ils vous respectent. Ensuite, nous devons simplement expliquer ce que nous allons faire et surtout à quoi ça va leur servir; d'abord dans l'immédiat, au CEM ou au lycée puis à l'université. Expliquer la nécessité de la langue à l'université. Expliquez aussi l'importance du français et de l'anglais dans la vie. Personnellement, j'ai eu la chance de faire venir deux universitaires, anciens élèves du lycée Sadek Talbi qui ont parlé de ce qu'ils ont vécu à l'université et de l'importance du français dans leurs études. En plus, il faut leur permettre de vivre leur temps : emploi de l'outil informatique par exemple. Le prof doit avoir le rôle d'animateur, de guide.  

        A propos d'encouragement, quand j'étais au moyen, je faisais beaucoup d’efforts en maths. Un jour, pendant la correction d'un devoir, Le prof nous a demandé qui était surpris négativement par sa note. Comme j'avais eu une très mauvaise note j'ai levé le bras.Le prof m'a répondu froidement, il m'a tiré dessus oui " non, pas toi. Toi tu es nul en maths". Cette phrase m'a marqué.J'ai passé cette année à me "bagarrer" avec cet enseignant. Non seulement je n'ai plus travaillé en maths mais aussi mais surtout j'ai détesté ce prof pour une année et les maths presque pour toujours.

                 Voilà un exercice important s'il est bien fait, bien sur. C'est une phase assez courte qui doit se faire au début de la compréhension de l'écrit. Le prof doit habituer ses élèves à faire des hypothèses de sens chaque fois qu'il étudie un texte. Il invite les élèves à proposer des hypothèses de sens à partir des éléments périphériques du texte. Un élève les porte au tableau. Avec l'aide du prof, ils doivent formuler un texte hypothétique assez court dans le genre de " ce texte traiterait de ...." . On l'écrit au tableau. Puis on vérifie par la lecture du texte.

       Si on habitue vraiment nos élèves à faire des hypothèses. S'ils sont bien rodés. Si nous , les profs, nous faisons cet petit exercice par conviction et non pas seulement parce qu'il s'agit d'une directive officielle, cet exercice aidera beaucoup les élèves; d'abord en classe bien sur mais aussi dans la vie. car une hypothèse par définition est une supposition grâce à laquelle on construit un raisonnement.

           En 1996,  on était en stage en France. Deux participants, un algérien et un français ont raté le car qui nous a emmené en excursion, un samedi. Le lundi matin, on s'est retrouvé dans le centre pour continuer la formation. On a demandé à notre ami algérien pourquoi il n'était pas venu avec nous, lors de l'excursion. Il avait répondu que le bus ne l'avait pas attendu. La même question a été posée au français qui a répondu qu'il était arrivé en retard. Drôle de vision des choses n'est ce pas? 

                                          Une autre gifle

        ça c'est chez eux ( en France)

              J'ai vu dans une chaine française, une scène très significative. Une vieille femme attendait son petit fils qui passait un examen. Deux hommes se sont approchés d'elle et lui ont  proposé de  lui vendre le sujet de maths avec le corrigé. Elle les a bien regardés, elle leur a demandé de répéter  pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas puis elle serra le bras de l'homme le plus près d'elle et se mit à hurler " police! police! A moi!". "Madame c'est  la caméra cachée, on rigole c'est tout" crièrent les deux hommes. Se calmant un peu, elle lança une phrase, une gifle oui : " on ne rigole pas avec l'avenir de la France".

          ça c'est chez nous ( Algérie)

                Devant le collège où était affiché le résultat du BEM, un homme était fou de rage.  Il criait, gesticulait, écumait. Il était dans tous ses états. Je me suis renseigné. On m'a dit qu'il s'agit d'un directeur d'un CEM qui a obtenu des résultats catastrophiques dans l'examen cité en haut. Imaginez pourquoi. La raison de sa colère se résume en une phrase qu'il n'avait pas honte de crier : " c'est la faute des surveillants de l’examen qui n'ont pas laissé nos enfants copier".

           Le prof doit continuellement encourager ses élèves. Dans ce contexte, je vais vous raconter une histoire vécue (encore mon expérience). Avant de partir en retraite, j'ai eu des élèves de 1ère année secondaire pendant deux mois. Pendant une séance d'expression écrite pendant laquelle chaque élève devait se présenter par écrit. Un élève a rédigé un paragraphe "tordu". Il me l'a montré. Je l'ai lu sérieusement et complétement puis je lui ai dit que c'est un bon paragraphe et qu'il a fait du bon travail, j'ai ajouté un bravo et je me suis mis à l'applaudir, les autres élèves ont suivi le geste et ils ont applaudit, pas très fort quand même. Il a montré cette "chakckouka" de paragraphe à son père. C'était un exploit pour lui.

      J'applaudissais toujours mes élèves. C’est bien de le faire mais il faut faire attention car certains élèves en profitent pour foutre la pagaille. C'est un bon moyen pour encourager les enfants. Un autre moyen aussi efficace que le premier : les notes.  A nous donc, enseignants, d'abord de mettre à coté la critique facile d'un travail ou du comportement d'un élève ,puis de savoir doser nos encouragements  pour valoriser nos élèves et les mettre en confiance.

                    Si un enseignant arrive à faire de ses élèves des demandeurs de langue, il a amplement réussi. J'ai remarqué, depuis l'arrivée de l'Internet en Algérie, que beaucoup de nos enfants téléchargent des films et surtout des jeux vidéos. Une fois cette opération terminée, ils se heurtent au problème de la langue, en arabe ça n'existe pas. Que se passe -t-il alors? Certains abandonnent complètement mais beaucoup tentent de trouver une solution: ils font des traductions, demandent à leur entourage ... Mais c'est difficile. Nous , enseignants des langues étrangères, français et anglais en particulier, nous devons exploiter cette opportunité. Comment? C'est difficile à imaginer. Dans un premier temps nous devons faire parler les élèves ( expression orale) sur les jeux vidéos qu'ils aiment ou qu'ils connaissent. Ils vont parler en arabe c'est sur. Soyons un tout petit peu tolérants. Qu'ils parlent un peu en arabe juste pour cette fois. Ils parlent ce que j'appelle un français arabisé. Beaucoup de langues vont se délier. A nous de bien les canaliser pour qu'ils parlent en français. Nous pouvons aussi demander à un groupe de préparer un petit exposé sur un jeu vidéo de leur choix. Faire participer beaucoup d'élèves. Qu'ils parlent de leur aventure sur la toile, de ce qu'ils ont trouvé....

     De notre coté, on fait une recherche pour recenser les sites où les enfants vont et où ils trouvent les jeux. Trouver des textes avec un lexique du domaine du Net en général et spécialement des jeux vidéos. Mettez un slogan pour vous et pour vos élèves du genre " je vais vous aider pour utiliser facilement vos jeux".

     Si ce travail est effectué avec l'esprit de réussir, avec amour et passion, ajoutez à cela tout ce que chacun de nous peut "dénicher", si nous prenons le temps nécessaire pour le réaliser, on serait agréablement surpris et les phrases du genre" ils ne savent rien faire" disparaitront pour laisser la place à " ils me harcèlent par apprendre la langue".

           Ce n’est un secret pour personne de dire que nos élèves, la plupart du temps s’ennuient terriblement, à en mourir même.  Un  élève regarde par la fenêtre la main sous le menton. Un autre observe son voisin, un objet… Un autre dessine ou manipule  sa trousse. Bailler... Parfois le chahut commence. Que font ils, ces gosses? Rien sinon ils se désintéressent totalement de ce que le prof fait ou dit. Ils s'ennuient. comment les intéresser alors?

       A mon humble avis, il faut qu'ils apprennent en s'amusant c'est peut être l'un des remèdes les plus efficaces. Apprendre par le jeu serait extraordinaire. Il faut jouer en classe réellement pas faire sembler de jouer. Si nous arrivons à faire de nos élèves des "demandeurs" de langue c'est dans la poche.Mon fils ( encore lui) a appris le français et l'anglais grâce aux jeux vidéo. Il me poursuivait pour lui expliquer des phrases et des mots qui lui servent à comprendre la vidéo (un film ou un jeu); son objectif n'est pas d'apprendre ces langues pourtant il s'est bel et bien amélioré.  Vous allez me dire on a pas les moyens et que ce n'est pas évident de "s'amuser" avec des élèves de terminale. Je vous dirai à vous de trouver des solutions. commencez d'abord par vous convaincre que c'est possible. Puis, dites  à vos élèves "on va s'amuser et faire plein de choses" au lieu de dire "allez au travail". Arrêtez de faire de longs discours qui ne sont d'aucune utilité pour les élèves. Une des raisons qui amène l'ennui ce sont ces bla bla sans intérêt de certains profs. Remplacez vos explications par des images, des dessins ... Je ne vous dis pas de ne pas parler, il le faut mais faites le, le moins possible. Invitez vos élèves à parler, à participer tout le long de l'exercice. Laissez les respirer: raconter une blague ou un élève la raconte. Fractionnez votre séance en deux parties. Chaque fois que vous apercevez que l'ennui commence à s'installer, arrêtez et faites quelque chose pour les "sortir" de l'ennui par exemple laissez les bavarder un moment, vous pouvez même sortir de la salle sans vous en éloignez. A la fin ne tombez pas vous même dans l'ennui, si vous vous mettez à bailler ne blâmez pas les élèves s'ils s'endorment.

« Un bon maître a ce souci constant : enseigner à se passer de lui. »
                                                                                     André Gide

             Je vais commencer cet article par raconter une histoire personnelle. J'ai acheté un vélo à mon fils qui avait 10 ans. Comme il ne savait pas le monter alors j'ai voulu lui apprendre. Je lui ai fait une conférence en guise d’explication. Plusieurs jours sont passés et mon pauvre enfant me subissait. J'étais en train de lui faire perdre la joie qu'il avait avant d'avoir ce "maudit" vélo. Mais, un matin, sa mère, ma femme, m'a dit de le laisser apprendre. Cette phrase a eu l'effet d'un fouet sur moi. Ya rabi! Mon Dieu!! qu'est ce que je suis en train de faire?? Moi qui suis sensé être un prof ( à la gomme oui), je me comporte comme le plus ignare des mortels. Je l'ai emmené (mon gosse) dans la rue. Je lui ai dit voilà le vélo. Je lui ai expliqué rapidement le principe et je suis rentré chez moi. Le temps de prendre un café, il se débrouillait déjà pas mal. Qu'est ce que j'ai fait?? Au début j'ai fait de l'enseignement puis j'ai fait un minimum d'enseignement  et beaucoup d'apprentissage. J'ai permis à mon fils de se prendre en charge.

   Imaginons ensemble un autre cas; celui des nouvelles recrues militaires à qui on veut apprendre à manipuler une arme ( pas chargée quand même). Ils ont deux instructeurs, le premier leur parle pendant une heure, c'est une explication stérile mais le deuxième parle très peu, le minimum d'explication et leur donne chacun une arme et  leur demande de se débrouiller. Quel instructeur va réussir??

    Vous allez me dire mais monsieur, en classe c'est beaucoup plus compliqué. Oui , vous avez raison. Nous avons à faire à des êtres humains qui sont parfois plus intelligents que nous. Le prof n'est que le meilleur élève de la matière qu'il enseigne, dans sa classe. La plupart de nos élèves nous surclassent quand il s'agit par exemple de l'Internet en général et des réseaux sociaux qui s'y trouvent comme Tweeter, facebook, Youtube. Ils nous dépassent aussi dans d'autres domaines. Alors à partir de là, il faut, je pense, qu'à chaque fois que l'enseignant veut écrire, il doit se tenir la main, qu'à chaque fois qu'il veut parler il doit mettre la main sur la bouche car c'est à l'enfant d'écrire et de parler. C'est lui qui apprend pas nous. Nous ne sommes pas les (seuls) détenteurs du savoir.

   Que devons nous faire? Il est de notre devoir d’être omniprésent et de savoir s’effacer quand il le faut. Nous devons guider l'enfant, le surveiller, lui faire sentir  qu'on est avec lui, l'encourager ahh oui, n'hésitons pas à l'encourager; s'il tombe aidons le à se relever. Mais ne faisons pas le travail à sa place. Faisons lui confiance, soyons sur qu'il est capable de créer. Il a énormément d'imagination; aidons le à la mettre en évidence. Certains gosses peuvent devenir des génies s'ils tombent entre de bonnes mains alors soyons ces "bonnes mains".