• Série: lettres et philo

            L'invasion des tracteurs                        

         1929, l'année de la grande crise économique aux États Unis. La banque prend possession des terres des paysans. Ceux-ci assistent à l'arrivée des tracteurs...

        Les tracteurs arrivaient sur les routes, pénétraient dans les champs, grands reptiles qui se mouvaient comme des insectes. Ils rampaient sur le sol, traçaient la piste sur laquelle ils roulaient et qu'ils reprenaient. Tracteurs Diesel qui crachotaient au repos, s'ébranlaient dans un bruit de tonnerre qui peu à peu se transformait en un lourd bourdonnement. Monstres camus qui soulevaient la terre, y enfonçant le groin qui descendaient les champs, les coupaient en tout sens, repassaient à travers les clôtures, à travers les cours, pénétraient en droite ligne dans les ravins. Ils ne roulaient pas sur le sol mais sur leur chemin à eux. Ils ignoraient les côtes et les ravins, les cours d'eau, les haies, les maisons.

        L'homme assis sur son siège de fer n'avait pas l'apparence humaine; gants, lunettes, masque en caoutchouc sur le nez et la bouche, il faisait partie du monstre, un robot sur son siège. Le tonnerre des cylindres faisait trembler la campagne, ne faisait plus qu'un avec l'air et la terre, si bien que terre et air frémissaient des mêmes vibrations. Le conducteur était incapable de le maitriser ... Il fonçait droit sur la campagne, courait à travers une douzaine de fermes puis rebroussait chemin. Un coup de volant aurait pu faire dévier la chenille, mais les mains du conducteur ne pouvaient pas tourner parce que le monstre qui avait construit le tracteur, le monstre qui avait lâché le tracteur en liberté avait trouvé le moyen de pénétrer dans  les mains du conducteur, dans son cerveau, dans ses muscles, lui avait bouché les yeux avec des lunettes, l'avait muselé ... avait paralysé son esprit, avait muselé sa langue, avait paralysé ses perceptions, avait muselé ses protestations. Il ne pouvait pas voir la terre telle qu'elle était, il ne pouvait pas sentir ce que sentait la terre; ses pieds ne pouvaient pas fouler les mottes ni sentir la chaleur. La puissance de la terre. Il était assis sur un siège en fer, les pieds sur des pédales de fer. Il ne pouvait pas célébrer, abattre, maudire, ou encourager l'étendue de son pouvoir, et à cause de cela, il ne pouvait pas se célébrer, se fustiger, se maudire, ni s'encourager lui-même. Il ne connaissait pas, ne possédait pas, n'implorait pas la terre. Il n'avait pas foi en elle. Si une graine semée ne germait pas cela ne faisait rien. Si les jeunes plants se fanaient par suite de la sécheresse ou s'ils étaient noyés par des pluies diluviennes le conducteur ne s'en inquiétait pas plus que le tracteur.

                                                                             John Steinbeck

                                                                      « Les raisins de la colère»

                                          Questions

       Compréhension :

        1. A quoi le tracteur est-il comparé dans dans le premier paragraphe?

        2. A quoi l'homme est-il comparé dans le deuxième paragraphe?

        3. Complétez le tableau suivant avec: « incapable de maitriser, il ne s'inquiétait pas, un robot, les mains ne pouvaient pas tourner, il n'avait pas foi en la terre, son esprit était paralysé l'avait muselé, ne pas sentir.»  

          Absence de sentiment             Absence de volonté

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     4. « Le conducteur n'aimait pas plus la terre que la banque n'aimait la terre »

        Cette phrase veut dire :

           a) Il aimait la terre que la banque n'aimait pas

           b) Lui comme la banque, n'aimaient pas beaucoup la terre

           c) Il n'aimait pas la terre que la banque aimait

                           Recopiez la réponse juste.

      5. Comment sont présentés conducteurs et tracteurs ?  Pourquoi ?

      6. Proposez un autre titre au texte.

    Expression écrite :

    Traitez un seul sujet au choix.

        1. Aujourd'hui, pensez vous que le paysan a besoin du tracteur et de la banque ? expliquez en quelques lignes notre point de vue.

        2. Rédigez le compte rendu de ce texte qui sera publié dans le journal du lycée.

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